Didier entra dans le
luxueux cabinet. L’homme qui l’accueillit était trapu, bedonnant
et portait une barbiche touffue du même blanc que ses cheveux.
Didier lui serra la main.
- Bonjour, docteur.
- Bonjour… monsieur
Maroini, c’est bien cela ? Ma secrétaire ne s’est pas
trompée ?
- Votre secrétaire n’a
pas fait d’erreur, c’est bien mon nom.
Le médecin fit signe à
Didier de s’asseoir.
- Je vous en prie,
asseyez-vous.
Lui-même prit place
derrière son bureau, un imposant meuble dont le vaste plateau de
marbre était jonché d’objets hétéroclites et de feuilles de
papier en tous genres.
- Parfait. Alors, que
vous arrive-t-il, monsieur Maroini ? demanda le médecin.
- Voilà, docteur, j’ai
cinquante-quatre ans…
- Ce n’est pas une
maladie en soi.
- On m’a conseillé de
consulter parce qu’il paraît que c’est un âge à risque pour le
cancer de la prostate
- C’est exact, on ne
vous a pas menti. Le cancer de la prostate se développe autour de la
cinquantaine. Un dépistage s’impose donc lorsque l’on atteint
cet âge.
- J’ai bien fait de
venir, alors. Je ne perdrai pas mon temps ! s’exclama joyeusement
Didier.
Un léger sourire se
peignit au-dessus de la barbiche blanche
- Vous a-t-on renseigné
sur le type d’examen que cela suppose ?
- Euh… non.
- Vous n’avez aucune
idée de ce qui vous attend ?
- Pas la moindre.
- C’est bien ce qui me
semblait.
Chez Didier,
l’enthousiasme était à la baisse.
- Ce n’est pas
douloureux, j’espère ?
Le sourire du praticien
s’élargit.
- En général, non.
- Ouf, pendant une
seconde vous m’avez fait peur, docteur. De quoi s’agit-il au
juste ?
- Je vais vous expliquer.
La prostate est située dans une région difficile à atteindre, en
arrière du pubis, en avant du rectum, entre la vessie en haut et le
périnée en bas. Elle a la forme et la taille d’une châtaigne,
avec une base supérieure collée à la vessie et un sommet inférieur
appelé bec prostatique…
- Oui, bon, je vous
remercie pour ces précieuses informations docteur, mais je ne suis
pas ici pour entendre un cours magistral sur la prostate.
- Bref… pour vous
parler franchement, il est nécessaire de pratiquer UN TOUCHER
RECTAL.
Didier avala sa salive
avec difficulté.
- J’ai peur de ne pas
bien vous comprendre, docteur.
- Je vais vous faire un
toucher rectal afin de palper votre prostate.
- Rassurez-moi, docteur,
quand vous employer le terme de « toucher rectal », cela
ne signifie pas ce que je crois que cela signifie ?
- Je crains que si.
- Ce n’est pas le même
« toucher » que quand je pose mes doigts sur votre bureau
et que je le « touche » ?
- Si.
Didier sentait la panique
monter.
- Et ce « rectal »,
ne me dîtes pas que c’est l’adjectif issu de « rectum » !
- Si, c’est exactement
de ce mot dont il s’agit.
Une soudaine bouffée de
chaleur submergea Didier. Il commençait à se sentir mal dans ses
mocassins en cuir. Son regard se porta sur les mains du médecin. De
grandes mains couvertes de poils blancs, avec de très larges doigts
dont les articulations ressemblaient à des nœuds.
Le praticien lut
l’inquiétude sur le visage de son patient.
- Ne vous inquiétez pas,
monsieur Maroini. Ce sera trois fois rien.
Didier ne semblait pas
convaincu.
- Trois fois rien, trois
fois rien, on voit que ce n’est pas à vous que l’on va foutre un
doigt dans le cul, docteur !
- Vous survivrez.
- Je n’en suis pas si
sûr, moi.
- Allez, soyez courageux,
dîtes-vous que c’est pour votre bien !
La pilule était dure à
avaler pour Didier. Se faire fourrager dans le pot d’échappement,
par un homme qui plus est, ne l’enchantait guère. Il n’avait
aucune propension à l’homosexualité.
- Comprenez mes
réticences, docteur. Vous conviendrez avec moi que l’orifice en
question est fait... comment dire… pour les sorties, pas pour les
entrées.
- En tous cas, dans un
instant, nous allons tenter une entrée !
- Est-ce bien
nécessaire ? N’y a-t-il pas d’autres… solutions ?
- Le toucher rectal est
le seul moyen d’explorer la prostate.
- Bon, s’il le faut,
docteur…
Didier avait retiré ses
chaussures, son pantalon et son caleçon. Les pans de sa chemise
pendaient lamentablement sur ses cuisses nues.
- La chemise également !
intima le docteur.
Le patient s’exécuta.
Les chaussettes seules le préservaient de la nudité totale.
Le médecin ouvrit un
tiroir, en sortit un petit étui qu’il déchira. L’étui
contenait une sorte de fourreau en plastique. Le praticien enfila
lentement celui-ci sur son index droit, sous le regard terrifié de
Didier.
- Ceci est un doigtier de
plastique enduit de vaseline, expliqua le petit homme ventru.
- Une capote pour doigt,
quoi.
- Si vous voulez !
Et maintenant… en position !
Le cul en bombe,
arc-bouté au dossier d’une chaise en aluminium, Didier sentit que
l’on forçait son intimité.
- Détendez-vous le plus
possible, ne contractez pas, lui suggéra le violeur.
- Excusez-moi, docteur,
c’est une première, je manque d’expérience dans le domaine,
articula péniblement le quinquagénaire.
La pression se fit plus
forte, Didier tressaillit lorsque l’épaisse articulation passa.
- Voilà, nous y sommes !
s’exclama le médecin avec la même satisfaction que s’il eût
atteint le sommet du Mont Blanc.
- Vous allez rire,
docteur, mais je m’en doutais, gémit Didier.
- Ça va ? Vous
supportez le choc ?
- Oui, oui, mais faites
vite s’il vous plaît. J’ai connu plus agréable comme sensation.
L’inspection débuta.
Didier philosophait intérieurement. C’est dingue ce qu’un doigt
peut sembler gros quand on l’a dans le cul, pensait-il.
- Une prostate dure comme
de la pierre serait un mauvais signe… hum… bonne consistance, ça
a l’air d’aller, commenta l’intrus.
- Ça ira encore mieux
quand j’aurai le conduit dégagé, docteur.
- C’est bon, je me
retire !
PLOP !
- Le même son que
lorsque l’on débouche une bouteille de champagne, s’extasia
le médecin, ce bruit m’amusera toujours !
- Ah, je respire !
fit Didier en se redressant. Ce n’était pas si terrible
finalement !
- Attention, ne vous
réjouissez pas trop vite, monsieur Maroini. Ce n’est pas encore
terminé. Il faut que je procède à un examen supplémentaire. Avec
DEUX DOIGTS cette fois !
Didier crut défaillir.
CLAC ! Le
généraliste fit claquer le bas du doigtier de caoutchouc qu’il
avait glissé sur son majeur droit, à côté de l’index déjà
plastifié.
- C’est reparti mon
kiki ! s’écria-t-il.
Didier fixa avec
appréhension les deux gros doigts gainés de plastique.
Pénétré jusqu’à la
garde, le quinquagénaire subissait en silence. Il regardait sa
montre afin de détourner son esprit de ce qui se passait à
l’arrière. Chaque seconde semblait une éternité. Le toucher
rectal ralentit le temps, pensait-il.
PLOP !
Didier ne s’y attendait
plus. Il souffla.
- Ah, docteur, je suis
content que ce soit fini !
- Ce n’est pas tout à
fait fini. Il reste un dernier examen. Mais, je vous promets que ce
sera le dernier.
- Jamais deux sans trois,
soupira Didier avec résignation.
- Exactement ! Nous
allons d’ailleurs passer à trois doigts ! Et puis vous êtes
habitué maintenant, monsieur Maroini !
- Je crois que je ne
m’habituerai JAMAIS à un truc pareil, docteur.
Le visage contracté,
Didier était à la limite de l’évanouissement. Il avait
l’impression que sa colonne vertébrale était traversée par du
deux cent vingts volts.
- Détendez-vous,
monsieur Maroini. Tout va bien, ça finira par entrer, le rassurait
le praticien.
Ce con de docteur me
défonce l’anus, se disait Didier. Il m’a menti. Trop douloureux
pour qu’il y ait seulement trois doigts. Quatre au minimum, et
peut-être même la main entière.
Souffrant le martyre,
Didier tourna la tête à droite afin de se faire une idée de la
situation. La main du docteur était à l’air libre, pendant le
long de sa jambe, inemployée. Il devait certainement se servir de la
main gauche pour changer. Cependant, quelque chose clochait.
Didier tourna la tête à
gauche. C’était bien ce qu’il pensait, la main était
visiblement réquisitionnée pour écarter les fesses. Bizarre. Le
médecin n’avait que deux mains et pourtant… par quel miracle…
Soudain, Didier comprit. Le quinquagénaire bondit comme s’il avait
retrouvé ses vingt ans afin de se libérer.
PLOP !
- Sale porc ! Trois
doigts, tu parles !
Le médecin était resté
sur place. Son gros chibre décalotté était dressé devant sa
lourde bedaine.
- Excusez-moi, monsieur
Maroini. Je suis désolé…
- Désolé, désolé,
c’est facile à dire… vous m’avez mis votre bite dans le cul
quand même, ce n’est pas rien ! Le préjudice physique est
important, sans parler du préjudice moral !
- Je ne sais pas ce qui
m’a pris, je n’ai pas pu résister. Une pulsion animale. Votre
anus est si mignon ! Mettez-vous à ma pace. Cette petite
rondelle rose…
Didier se rhabilla à la
hâte.
- Laissez-moi vous dire
que vous allez le regretter, espèce de sodomite ! Je compte
bien porter plainte !
- Mais puisque je
m’excuse. Tenez, vous n’avez qu’à considérer cet incident
comme une PROFONDE marque d’affection.
- Affection mon cul !
Vous m’avez explosé le trou de balle !
- Bon, écoutez, je vous
fais cadeau de la consultation et on oublie tout.
- Bien entendu que vous
allez me faire cadeau de la consultation ! Il manquerait plus
que je vous paie pour m’avoir collé votre saucisse entre les
fesses !
- Vous n’êtes pas très
conciliant, monsieur Maroini ! Je risque ma place, moi !
- Il fallait y penser
avant de m’enfiler, gros dégueulasse !
Didier se dirigea vers la
porte en boitant, l’ouvrit. Il se rappellerait longtemps de cette
affreuse journée. Une journée gravée pour toujours dans les
annales.
- Attendez, monsieur
Maroini ! J’ai une bonne nouvelle, vous allez être content !
La porte claqua, Didier
disparut.
- Tout va bien du côté
de la prostate ! cria le généraliste, seul dans son cabinet et
le pantalon sur les chevilles.
Ça vous a plu ? Vous vous êtes marré ? Alors retrouvez vite cette histoire et beaucoup d’autres dans le cultissime Histoires Sextravagantes !
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