03/08/2012

8 Vacances vacantes


Cette image représente une vieille charrette en bois abandonnée dans un champ d'herbes hautes. L'objet tombe en parfaite décrépitude : le bois semble pourri et le fer qui la compose est rouillé. Il semble que cette charrette est dans ce champ depuis bioen longtemps tant elle semble intégrée au paysage, au point de faire presque une avec la végétation qui l'entoure. Cette photo illustre le poème "Vacances vacantes" du Marginal Magnifique dans lequel le grand poète exprime le sentiment de vide de celui qui se retrouve en vacances après avoir été un esclave formaté du travail. Pour ce faire, il emploie trois comparaisons dans chacune des trois strophes composant le poème : avec une vieille charrue abandonnée, avec un grand malade soudain guéri et enfin avec un prisonnier enfin libéré. Ces trois comparaisons exprime avec beaucoup de mélancolie, de tristesse et de poésie la sensation de vide, d'abandon et même de panique résignée ressentie lorsqu'enfin on se retrouve libre de son temps après avoir été contraint de travailler.


On attend les vacances avec impatience
Croyant que tout va s'arranger le moment arrivé
Mais une fois qu'elles sont effectivement là
On se retrouve aussi démuni et inutile
Qu'une vieille charrette à la matière pourrie
Laissée depuis trop longtemps à l'abandon
Dans un champ envahi par les herbes hautes
Au point que le bois lui-même tombant en décrépitude
Commence à présenter assez de fertilité
Pour accueillir de-ci de-là une végétation parasite

On attend les vacances avec impatience
Croyant que tout va s'arranger le moment arrivé
Mais une fois qu'elles sont effectivement là
On se retrouve aussi hébété et assommé
Qu'un grand malade entrant en convalescence
Au sortir d'un calvaire aux odeurs camphrées
Après des semaines d'agonie et de douleurs sans nom
Ne sachant comment réagir à ce surcroît de vie
Salvateur mais qu'il n'espérait plus
Régénérant mais au combien trop soudain

On attend les vacances avec impatience
Croyant que tout va s'arranger le moment arrivé
Mais une fois qu'elles sont effectivement là
On se retrouve aussi désemparé et effrayé
Qu'un prisonnier qui a vu ses jeunes ans et les suivants
Défiler jours après jours derrière les barreaux d'acier
Pour au crépuscule de sa vie se retrouver enfin libre
A la dérive et plus esseulé qu'il ne l'a jamais été
Se souvenant avec détresse qu'autrefois il y a une éternité
Il savait comment occuper avec bonheur son temps inoccupé  


N'oubliez pas de commenter ce poème et de le partager en utilisant les boutons ci-dessous !

8 commentaires:

  1. Et soudain se rencontrer,retrouver son essentiel,comme une évidence et n'avoir alors que regrets,pleurs en l'âme de s'être si longtemps oublié,
    salut à toi.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, on se comprend : on se perd à force de n'être qu'extériorité et obligations et il faut un petit temps d'adaptation pour se retrouver et reprendre contact avec l'essentiel de son être.

      Bonne journée.

      Supprimer
  2. Bonjour
    Pas de vacances pour moi, justement je remplace ceux qui partent et moi entre 2 missions je suis en "vacances" tout au long de l'année ou quand je le décide ou quand j'en ai envie 1 jours ou semaine ou mois. Comme je veux quand je veux et si je veux. Le pied quoi!!!!!!
    Imagine tout ce que j'évite.
    Bonne fin de journée
    A bientôt
    Marie-Pierre

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour,

      La sensation de liberté que tu dois ressentir dans ces conditions n'a pas de prix !

      Même si tu as certainement des obligations et que tu ne peux pas te permettre d'être tout le temps en vacances, j'imagine que du coup ces obligations ne sont pas vécues comme telles : c'est très important psychologiquement je pense et cela peut être source de bonheur.

      Disons que parfois les premiers jours de vacances ont du mal à être appréciés, on peut se sentir perdu, puisque les obligations régissaient notre vie. Il faut retrouver en soi les ressources pour s'occuper !

      Mais de toute façon les vacances sont toujours un plaisir et je considèrerai tous ceux qui disent le contraire comme hérétiques :-).

      Bonne soirée.

      Supprimer
  3. "La vie, comme un pendule, oscille de la souffrance à l'ennui" a écrit Schopenhauer. Mais, si juste que soit cette phrase, j'ai compris, cher Marginal, que votre poème signifiait bien davantage, et vous en éclaircissez d'ailleurs bien le sens dans vos réponses aux commentaires précédents. Quant à moi, il me plaît de voir dans votre texte l'illustration de cette vieille vérité que tout est décevant, et que, bien que le roi Salomon soutienne que "c'est un arbre de vie que le désir satisfait" ("Proverbes",13,12), souvent, obtenir ce que l'on a ardemment désiré ne fait que nous renvoyer à notre propre vacuité (bien qu'il soit très impropre d'employer le mot "vacuité" en parlant de vous).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour ce commentaire long et brillant, cher Laconique, qui permet l'échange.

      Shopenhauer que vous citez et qui dit que "la vie, comme un pendule, oscille de la souffrance à l'ennui" n'a pas tort, mais cette phrase place implicitement sur le même plan "ennui" et "souffrance" ; or, vous conviendrez avec moi, qu'on préfère largement ne rien glander, quitte à s'emmerder, qu'à souffrir en creusant des trous en plein cagnard pour trois francs six sous, avec un enfoiré de patron gueulard et cerbère nous surveillant, dans l'hypothèse bien sûr où nous embrasserions la superbe profession d'ouvrier (larbin) sur un chantier.

      J'apprécie la deuxième partie de votre commentaire, très juste. Bien souvent le désir nous fait entrevoir des trésors de félicité qui au final se révèlent anodins, pour ne pas dire inexistants, et nous laissent, je sais que vous allez apprécier l'image, aussi insatisfaits qu'après un coït éclair à l'arrière d'une voiture avec une prostituée tchétchène...

      Tout ça pour dire qu'il ne faut rien anticiper ! Mais l'esprit humain a besoin de bouées auxquelles se raccrocher et l'avenir en laissent entrevoir de lumineuses, souvent illusoires, mais peut-être nous permettant de survivre. N'est-ce pas ce qu'on appelle l'espoir ?

      A bientôt, cher Laconique, votre commentaire m'a mis en verve :-).

      Supprimer
  4. Les vacances pour moi n´ont pas de prix: pourtant je suis maman au foyer, je n´ai pas d´obligations extérieures...mais aller me dépayser dans mon pays natal, dans la maison de mon enfance, de ma jeunesse, me fait vibrer. Et puis le mot vacances en soi évoque dans mon esprit: la détente, les loisirs, la joie intérieure, l´insouciance!
    Bon samedi, bisous Ismeralda

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Vivement qu'elles soient de retour alors :-). le problème c'est qu'on les espère tellement qu'elles finissent parfois par nous décevoir, lorsque l'on se rend compte qu'elles ne sont pas l'échappatoire tant attendue !

      A bientôt.

      Supprimer